Valmy Gossiaux – Journal fin 1918 – début 1919

Valmy

Jeudi 19 décembre 1918

Quelques soldats anglais voyageraient de maison en maison avec le garde champêtre afin de placer 800 soldats.

Vendredi 20

Les dits soldats sont arrivés vers 4 h, mais vers 10 h du matin un officier, qui, comme nous l’avons su plus tard, était le curé ou pasteur protestant du régiment, en anglais chapelain, accompagné de son domestique John, téléphoniste avant l’armistice, était venu voir la chambre et le mess.  Quelle ne fut pas notre surprise, en l’entendant dire après avoir vu la chambre en bas « Vous, madame, avez pourtant logé un officier à l’étage. Vous, madame, avez eu un casino allemand ! »  Qui lui avait dit cela, il arrivait et n’avait encore vu personne? Mystère !  Après avoir expliqué qu’il était impossible d’avoir des réfugiés en bas, il se retira satisfait.

Après-midi, nouvelle visite pour avoir 2 chambres pour le colonel. C’était impossible. 1 mess, 1 cuisine pour nous, 1 cuisine pour off, 1 chambre off, 2 chambres colonel, 1 chambre domestiques.  Où aurions-nous été mettre toutes nos affaires ? Après avoir bien supplié, ils sont partis avec rien.  C’est évident. Le colo est à la ferme voisine et l’officier qui ne l’abandonne jamais avec lui.  Sur ça, rien que le mess et domestique pour nous.

 Samedi 21

Nous avons fait plus grande connaissance avec ces domestiques. Le cuisinier, très bon. Les 4 domestiques, encore plus gais, mais «beaucoup comiques» selon eux. Un appelé Jang de 20 ans environ était surtout comique. Avec lui, l’on aurait pu passer un bel hiver, mais (il y a des mais à tout, comme me disait il y a longtemps une ancienne petite amie) mais J. devait retourner en Angleterre travailler à la mine, car l’Angleterre rappelle tous ses mineurs.

Le soir, déception. Je ne devais pas retourner manger avec les simples soldats ce qui n’est pas bon selon le cuisinier.Vous comprenez pourquoi. Les officiers avaient 9 paquets de cigarettes dans leur mess. A leur rentrée, il n’en avait plus que 5 paquets, d’où grande colère de l’adjudant, déjà méchant auparavant. Sa colère retomba sur Jang mais le cuisinier ayant parlé au colonel, il n’en fut rien.

Dimanche 22

Arrive la nouvelle du départ. Tout s’en va à la Bruyère, car le colonel n’est pas bien chez Favresse. Ici, il avait chaud et là pas de feu dans sa chambre, car il a une santé délicate. Tous sont tristes car ils sont bien ici et là-bas ils croient qu’ils ne seront pas bien. Les domestiques m’ont donné quelques paquets de cigarettes.

 Lundi 23

Nous avons vendu notre petite vache. Elle est à Mellet et je crois qu’elle sera très bien là également. Avant de partir, le cuisinier nous avait dit qu’ils ne partiraient pas. Ils étaient contents et nous aussi. A notre retour, tout est renversé. Ils nous quittent à 2 h. En effet, sous une pluie battante, les domestiques vont chercher les paquets aux logements des officiers et les apportent ici. A 2 h juste, un méchant sergent vient les gourmander en criant très fort parce qu’ils n’étaient pas prêts à partir, ils buvaient 1 tasse de café ici. Après bien des poignées de mains, ils nous quittèrent, tristes, en nous laissant tristes également. C’était de si bonnes gens, mais ils avaient promis de nous rendre visite.

 Mardi 24

A 12h1/2, un domestique est arrivé ici en visite. Il apporte le linge de l’officier à laver, avec Ponny, leur petit chien. À 1h1/2, ils nous quittent pour le dîner. Ils ne sont pas bien là, disent-ils, les domestiques ne les regardent pas plus que les maîtres. Les planchers sont cirés et quelques fois, ils glissent. Leur petit chien a déjà dégringolé l’escalier.

 Mercredi 25

Noël aujourd’hui, Chrsitmas pour les Anglais. Comme presque tous les ans, la neige était de la fête. Ce sont les premières neiges de cette année. Mais je crois qu’un Noël sans neige ne serait pas poétique, car presque tous les tableaux représentant la crèche ont un horizon blanc de neige. La 1ère messe était à 6 h, c’est bien dommage que l’on ne la fait plus à minuit. Les paysans se rendant avec leurs lanternes rendraient le tableau plus poétique également. Le salon était très bien arrangé car c’est une grande fête pour les anglais. Sur le balcon était un tableau avec ces mots «A merry Xmas». Des guirlandes pendant du plafond ajoutaient une bonne note au décor du salon.

Les soldats dînèrent à 1h, puis à 5 h eut lieu un autre repas. Ensuite, les civils furent admis. Un soldat jouait du violon, un autre de l’harmonica et les jeunes filles et les civils et les soldats dansèrent. Mais ce qui amusa surtout ce public, ce furent les 3 soldats parmi lesquel un de nos anciens, habillés en femme. Ils embrassaient les autres soldats, dansaient avec les femmes du village. Notre ami surtout eut un succès colossal. Le sergent distribuait des cigarettes, du vin, du cramique, des oranges, du café, de la bière à ceux qui en désiraient. Personne ne se faisait prier. A 10 h, nos 2 amis revinrent souper chez nous, un alla coucher et l’autre resta encore avec moi jusque 11h1/2.

 Jeudi 26

Nos 2 domestiques sont partis à 6 h. Pas de visite aujourd’hui.

 Vendredi 27

Le téléphoniste domestique du chapelain est venu nous rendre visite aujourd’hui. Le mauvais temps continue toujours. Voilà un mois, presque 6 semaines, qu’il pleut tous les jours.

 Samedi 28

Pendant mon absence, le téléphoniste et son camarade du 25 sont venus en visite. Ils ont apporté le linge du cuisinier à laver et quelques boîtes de conserves.          Nous avons un sergent pour coucher. Il a l’air d’un bien bon homme. Ce n’est peut-être que pour une nuit.

Dimanche 29

Le téléphoniste est venu en visite à midi. Il revenait de Mellet. Il a promis de me rapporter des cigarette quand il irait à Charleroi… l’année prochaine. Des officiers sont encore venus installer un «officers mess». Ici ce sont ceux qui étaient au clerc. Nous ne savons pas pourquoi ils ont quitté.

Lundi 30

Le téléphoniste est encore venu en visite aujourd’hui, 2 fois. Une fois pour voir ses camarades, l’autre fois pour un match de football. Les officiers sont installés depuis midi. Notre sergent couche encore ici. Je voudrais bien qu’il reste tout l’hiver.

Nous voilà déjà à l’avant dernier jour de l’année. Le temps passe terriblement vite et dire que l’on en perd tant en plaisirs souvent inutiles, en futilités.

Mardi 31 décembre 1918, jour suprême de l’année

Comme elles passent vite, les années. Il me semble que c’était hier la nouvelle année et il y a 364 jours que cette date est passée. Pourquoi le temps nous semble-t-il toujours si court? Pourquoi nous semble-t-il passer si vite? Mystère pour nous, humbles créatures. Mais d’où vient qu’à certains moments, nous aspirons à être 2 jours, 1 mois, une année plus vieux? Simplement pour satisfaire une vaine curiosité, la plupart du temps. Ne demandons jamais à être plus vieux. Attendons que le temps arrive, car toujours, il nous semblera trop court. Et pourquoi, aussi, y a-t-il tant de jalousies, de rancunes sur cette terre?Pour une vie si courte que nous avons à y passer, ne devrions-nous pas nous aimer comme des frères? Ainsi, ceux de mon oncle Justin ne nous parlent plus depuis l’armistice car, disent-ils, nous avons envoyé des Allemands chez eux, comme s’ils n’allaient pas sans qu’on les envoie à toutes les maisons. G. aussi, ne vient plus ici. Il est venu à son retour 1h et le lendemain 1/4 d’heure et c’est tout. Pourquoi? Je ne le saurai peut-être jamais. Je me rappelle très bien que l’année dernière à pareille date une grande tristesse m’accablait. Il me semblait que j’allais partir d’ici pour ne plus revenir. J’allais lentement avant de me coucher d’un appartement à l’autre en regardant comme il faut les différents objets, et je me disais, c’est la dernière fois que je les vois cette année. Quand je reviendrai ici, tu seras loin et une autre règnera à ta place. Cette année, je n’étais pas si triste. On ne songeait plus tant à tout cela. On a des soldats. Ils vont, viennent, et il nous semble que l’on vit dans un autre monde. Il nous semble toujours qu’il va arriver quelque chose d’imprévu. Adieu, petit journal, je vous laisse pour cette année, quand je vous rouvrirai, une année sera écoulée dans cette éternité incompréhensible à nos esprits bornés aux choses surnaturelles. Que Dieu qui nous a favorisés grandement cette année, surtout en nous préservant de l’évacuation en novembre, que Dieu bénisse l’année qui va commencer et fasse qu’elle soit plus heureuse que celle écoulée.

 Mercredi 1er janvier 1919

Encore une nouvelle année qui commence. Puisse-t-elle être plus heureuse que les 4 dernières écoulées. Nous avons souhaité la bonne année à Parrain, qui est toujours malade et à mon oncle Jules. Il est 10 h du soir, voilà déjà 1 jour écoulé et tous passeront avec cette vitesse.

 Jeudi 2

L’année commence bien mal. Encore et toujours de la pluie.

 Vendredi 3

Une personne de notre famille (Lucie Kinkin) est morte hier soir. Un à la fois et tous, nous disparaîtrons.

 Samedi 4 – Dimanche 5

Toujours, toujours de la pluie. Quand cela cessera-t-il? Quel triste temps!

 Lundi 6

On a enterré Lucie aujourd’hui, il y avait un monde fou à la messe. Le temps commence à revenir au beau, dirait-on. Pourvu que cela dure quelques temps.

Le mauvais temps continue toujours. Ce n’est que de la pluie, du vent, des nuages à continu. Quelle triste saison! Voilà 3 mois au moins que cela dure et on n’en voit pas encore la fin.

Mardi 7

Beaucoup de personnes viennent ici chaque jour trouver les officier pour avoir les chevaux pour pouvoir aller au charbon. Je les envoie toujours auprès du petit lieutenant qui couche chez le maire, car c’est lui qui a l’air le plus gentil. Il est venu passer avec nous une partie de la soirée du nouvel an. Il nous a apporté son gramophone et l’a fait aller bien longtemps. Ensuite, il est reparti au mess avec le mien.

Mercredi 8

Le temps s’éclaircit. Il fait assez beau aujourd’hui. Pourvu que cela continue.

 Jeudi 9 – Vendredi 10 – Samedi 11

Rien à signaler ces jours-ci si ce n’est le meilleur temps du monde. Ces jours font rêver après le printemps.

Dimanche 12

Hier soir, répétition générale, au salon, de l’immense succès «Le sang français» par A. Lambert et Meynet. Beaucoup de monde y assistait. Ce soir, soirée «officielle».

Lundi 13

Rentré ce matin à 3 h, éreinté. Beaucoup de civils et de soldats ont assisté à la soirée. La pièce et les chants ont eu un immense succès. Rien de raté. Aussi les acteurs et les chanteurs ont-ils été chaudement applaudis. Pour finir, on a chanté les hymnes alliés «God save the king, Marseillaise et Brabançonne».

Un soldat de ces différents pays tenait le drapeau pendant le chant.

Mardi 14

Les anglais font les préparatifs pour jouer une soirée samedi.

Mercredi 15 – Jeudi 16

Le bon temps auquel on était habitué est disparu. La pluie, le vent recommencent de plus belle.

Vendredi 17

Je suis un peu enrhumé. J’ai peur de ne pas pouvoir aller dimanche, au concert.

Samedi 18

C’est la soirée des anglais aujourd’hui, mais je n’irai pas afin d’être mieux pour demain. Grand dîner ici après la soirée.

Dimanche 19

Il paraît qu’hier les anglais ont réussi on ne peut mieux leur petite soirée. Beaucoup de civils y assistaient. Aujourd’hui, l’un de nos meilleurs domestiques, Joch, écossais, est parti. Le matin, à 8 h, il nous quittait mais il est encore revenu à 12h et à 1h – 1h1/4, il nous quittait pour de bon. ,Je lui ai donné un paquet de cigarettes. ,Il nous a laissé son adresse en nous promettant d’écrire souvent.

Lundi 20

Rentré ce matin à 1h1/2. Les ordonnances étaient depuis minuit au salon. Le cuisinier et ? avaient été à la Bruyère préparer le dîner car, près de là, avaient eu lieu des courses de chevaux auxquelles j’ai assisté. ,Le grand lieutenant irlandais de Dublin est arrivé 1er à l’une d’elles. Le cuisinier, au salon, donc était «zigzag» & Jack avait une bouteille de vin en poche. Je n’ai jamais pu les déterminer à revenir au mess les boire. Ils ne voulurent jamais. Le lendemain, ils nous dirent que c’était chez Rousseau qu’ils les avaient bues. A ma rentrée à 1h, je vis tous les officiers «zigzag», ils revenaient du dîner. Maman me dit qu’en rentrant, l’un était tombé dans le corridor, puis ils avaient valsé dans la chambre aux domestiques et étaient enfin rentrés au mess. L’Australien, le lieutenant était couché sur la table, beaucoup plus «zigzag» que les autres. Un officier étranger était avec eux. Je retournai au salon pour voir les domestiques, mais ils étaient partis. A mon retour, le petit lieutenant était sur le seuil de la porte. Quand il m’eut vu, il me demanda aussitôt où j’avais été. «Au salon Mr» «Vous avez été avec des demoiselles?» «Non» «Avec quelle demoiselle avez-vous été?» A ce mot de demoiselle, tous accoururent, leur lampe de poche brandie sur moi. Ils rentrèrent et m’appelèrent. Le major Robert de … me versa du wiskhy et me fit boire. L’Australien voulait me faire manger du fromage. Bref, je partis et eux, 15 minutes après moi. Le major descendit au village avec l’étranger. Après leur départ, j’entendis ouvrir les volets doucement. Vite, je me sauvai sans bruit puis je revins ouvrir la porte. C’était le petit lieutenant qui venait voir pourquoi il y avait encore de la lampe. Je m’excusai en disant que les officiers ne l’avaient pas éteinte. Il l’éteignit, sortit, ferma les persiennes et partit. Il était 2h1/4 quand maman et moi allâmes coucher. Vers 5 h, maman entend du bruit en bas. Elle regarde par la fenêtre et vous devinez quoi? Les domestiques rentraient par la fenêtre du salon, car on ne savait pas les fermer comme il faut avec les fils du téléphone. Mais la porte du salon était fermée à clé, de sorte que maman dût descendre leur ouvrir. Aujourd’hui, ils se levèrent à 8h. Patrick est encore «zigzag». Le cuisinier et les autres un peu malades. Les officiers arrivèrent très tard. Gamble (de Dublin, Irlande) qui n’était pas avec les autres hier soir, arriva vers 9h3/4. Le major, le dernier, vers 11h3/4.

Des détonations se sont fait entendre, aujourd’hui, à midi, en grand nombre, du côté du Nord.

Mardi 21

Un crime a été commis hier soir, près de Villers. Un fermier, Léon F., a été tué près de sa ferme, de 3 ou 4 coups de revolver. Il revenait de la Bourse de Charleroi, comme tous les lundis, et des voleurs ou des jaloux ou des méchants, l’on ne sait pas, l’ont tué près de la ferme qu’il venait d’acheter, il y a 6 mois, pour 20 000 frs.

Mercredi 22

Les détonations ont eu lieu à Quatrecht entre Bruxelles et Gand. C’est un dépôt de munition qui a sauté. Il y a 7 victimes, disent les journaux.

Jeudi 23

Une terrible nouvelle est parvenue aujourd’hui au village. Un soldat qui avait été fait prisonnier en Hollande, a été tué à Quatrecht. C’est un grand malheur ! Avoir échappé à la guerre et maintenant être tué par accident. Qu’irions-nous faire? Que la volonté de Dieu se fasse et non la nôtre.

Vendredi 24 – Samedi 25

La folie dure toujours. Le ciel est continuellement gris. La terre est recouverte d’un mince papin de neige. Tout montre que c’est l’hiver.

Dimanche 26

Un crime vient encore de se commettre à Villers. Un soldat, arrivant en permission, a tué sa femme d’un coup de revolver à la tempe. On ne sait si c’est imprudence ou jalousie. Cette nouvelle a profondément impressionné le village.

Lundi 27

Les officiers nous ont cassé, la semaine dernière, deux chaises qui remplaçaient les belles dont 2 également sont cassées.

Mardi 28

Il y a aujourd’hui 1 année que Maria Piret et ses 2 filles, Louise et Nelly, et sa mère Thérèse, sont venues dîner ici. Maintenant, c’est fini. Louise est morte en juillet, nous ne verrons plus ce gentil visage. Nous ne rirons plus avec ce gai caractère. Ainsi va la vie.

Mercredi 29

Il fait toujours gris. Le parquet est seulement venu aujourd’hui constater le décès de la pauvre femme tuée dimanche. Il ne fait pas bon attendre après ces gens-là.

Jeudi 30

Hier soir, vers 11h, grand émoi. Un cor de chasse jouait sur le chemin. C’étaient les officiers de la Bruyère rendant visite aux nôtres et c’était le baron de Nitte, l’interprète, qui jouait. Ils jouèrent également au mess puis repartirent vers minuit en claironnant, avant de partir, à faire réveiller les morts. Les ordonnances nous ont raconté que le petit lieutenant de Londres est parti au château avec son nouveau domestique car Patrick est retourné en permission pour 14 jours, jeudi dernier. Ils nous ont également dit que les 4 officiers restants, Roberts, Bryan, Morice & Gamble ont joué à la roulette comme à Monte Carlo et aux cartes pour beaucoup d’argent. Il y avait au moins 1000 frs sur la table.

Vendredi 31

Il y aura, aujourd’hui, à minuit, 12 ans que papa est mort. Nous n’y avons presque pas songé. On a ses occupations. On est envahi par les anglais, en un mot, on oublie tout.

Samedi 1er février 1919

Déjà un nouveau mois qui commence. Comme janvier a passé rapidement et tous de même passeront. De jour en jour, nous vieillissons sans nous en apercevoir. Ainsi va la vie.

Dimanche 2

Aujourd’hui, match de boxe au salon. Les officiers y assistent.

Lundi 3

Hier, j’étais au balcon avec E. et Marc F. Je me suis tenu à l’écart, puis je suis resté près de E., mais j’ai remarqué, à son parlé, que je n’avais plus à espérer d’elle. Elle ne me regardait presque pas et ne me parlait que de sujets indifférents. Ayant entendu prononcer le nom de F., immédiatement, elle a regardé de qui il s’agissait. ,Elle m’a seulement dit qu’elle allait en pension à Evere, à Pâques, et de la manière qu’elle me l’a dit, j’ai bien vu que cela lui plaisait beaucoup. Enfin, qu’irais-je faire? Elle suit la volonté. Elle a raison, si elle est heureuse avec lui tant mieux. C’est ce que je lui souhaite.

Mardi 4

Chaque jour amène sa peine. Hier notre cuisinier a reçu l’ordre de démobiliser. Nous, nous étions attristés. Quand on n’est qu’à 2 dans sa famille, on s’attache aux étrangers qui restent quelques temps dans sa maison. C’est le cas pour le cuisinier. Au commencement, nous disions que c’était un drôle, etc. Peu à peu, il a acquis notre affection et maintenant, nous le regretterons. Il est venu hier soir à 10h et est parti à 11h1/4. Peu après, il nous a apporté une couverture. C’est la 2ème qu’il nous donne. Il nous a également donné un pot de marmelade, du sucre et du fromage.

Ce matin, il est venu à 6h10 et est resté jusqu’à 6h40, il a déjeuné avec nous. Il nous a apporté un caleçon et 6 bougies et il nous a expliqué différentes choses sur London, sa patrie. Il nous a dit qu’il n’avait pas dormi pendant la nuit et en montrant sa tête, il disait «Toujours Angleterre! Oh!»

A 8h05, il nous quittait. Peut-être ne le reverrons-nous plus? Que de visages nous avons déjà vu et que nous ne reverrons probablement plus jamais ! Ainsi va la vie!

 

 

 

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